Des Chimères en automne
spectacle de Jean-François Peyret et Alain Prochiantz
mise en scène Jean-François Peyret

du 20 novembre au 20 décembre 2003
au Théâtre National de Chaillot

Et voilà. La traversée a commencé. Depuis le 20 novembre, les premiers spectateurs débarquent (ou embarquent ?) sur notre petit Beagle. Ils ont un petit côté effrayant lorsqu’ils surgissent dans l’arène, angoissés par le placement libre. J’ai toujours été étonnée par la capacité qu’ont les théâtres comme les avions d’accueillir un si grand nombre de gens dans un espace finalement restreint, sans que personne ne s’entre-tue. La civilisation réussit à inventer d’étranges performances, autant sur le plateau que dans une salle.
Surtout dans ce type de théâtre où le spectateur peut parfois se demander ce qu’on attend de lui. Il est surprenant de voir le groupe que vont former chaque soir, tous ces spectateurs qui ne se connaissent pas, voire s’ignorent. Comme sur le plateau où on se demande si l’écoute va être bonne, l’osmose se fait dans le public, bon an, mal an : salle “ froide ” samedi ou mardi, salle plus que réactive vendredi et dimanche…
Dès que le public s’installe, on pressent le personnage qu’il va jouer aujourd’hui. Les premières minutes suscitent, selon les jours, les réactions les plus diverses. Certains fouillent dans le programme, d’autres tournent la tête vers la régie, interrogatifs ou solidaires de l’erreur technique éventuelle. Les moments de pause, eux aussi, sont toujours sur le fil, pour les comédiens comme pour les autres. Sorte de spect-actor in fabula, le public y est convoqué, se trouble parfois sur sa position. Comme à l’acteur, on lui demande un état, une écoute, des réactions. Dedans, dehors, on ne sait plus très bien.
La notion de groupe de spectateurs se complique, de par cette possibilité qu’offrent ces Chimères : le spectacle est conçu pour que chaque élément soit un fil directeur. On peut souvent suivre des opéras en écoutant uniquement les voix ou le premier violon. Ici on peut choisir la musique ou la lumière comme guide à travers la forêt brésilienne. La notion de partition permet à tous de jouer la même œuvre, avec des espaces de respiration. Les étoiles de la première partie, accompagnées des notes qui s’égrènent, rappellent que le spectacle n’est pas uniquement fait de comédiens, voire que ces derniers pourraient bien arrêter de jouer et ne faire qu’écouter à leur tour. Dedans, dehors ?
Et pour le reste de l’équipe, ceux qui ne sont pas sur le plateau, il reste cette sensation plutôt agréable que la pièce échappe, que c’est une grande fille maintenant…
Anne Monfort


Anne Monfort

le site de la compagnie tf2: http://www.tf2.re

Des Chimères en automne
spectacle de Jean-François Peyret et Alain Prochiantz
mise en scène Jean-François Peyret
avec
Jacques Bonnaffé, Lucie Valon, Clément Victor

Assistante à la mise en scène Stéphanie Cléau
Dramaturge Anne Monfort
Scénographie Nicky Rieti
Lumière Bruno Goubert
Musique Alexandros Markeas
Costumes Thibault Fack

Play in progress

Coproduction : tf2- compagnie Jean-François Peyret, Théâtre National de Chaillot.
Avec l'aide du Ministère de la Culture et de la Communication, de la DRAC île de France et le Conseil Général de la Seine Saint-Denis.